• Le placard

    Hello ! un petit texte en passant parce que ça fait (trop) longtemps que je délaisse le blog (désolée)

     

                   Ce n’est même pas un cagibi… c’est pire, c’est un placard. Mon bureau tient à peine dans la pièce et je suis obligée de me plaquer contre le mur pour rejoindre ma chaise. Un, deux trois pas en largeur, cinq en long, pas de fenêtre. La lumière blafarde du néon éclaire mon ordinateur où se reflète l’écran noir. Pas de collègues autour de moi, je suis seule alors qu’il y a encore quelques jours j’évoluais au milieu de l’open-space.

    Qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour mériter cela ? Ah oui, je sais, un client s’est plaint de moi auprès de ma chef. Sois disant que je leur aurais fait rater une affaire importante à cause de mon incompétence. La vérité c’est que j’ai respecté à la lettre leur consigne mais il faut que quelqu’un paie et c’est tombé sur moi. Ma chef n’attendait que ce prétexte pour m’éloigner du bureau. La raison officiel c’est qu’un nouveau salarié arrive aujourd’hui, plus jeune, plus performant, et il faut faire de la place.

    On m’a dit qu’on allait m’apporter un nouveau dossier à étudier, mais depuis deux heures j’attends. J’ai fait un peu d’internet, répondu à quelques mails mais c’est long sept heures quand on n’a rien à faire.

    La solitude me pèse. Le brouhaha de mes collègues, le téléphone, tout cela me manque. Je soupire et regarde ma montre encore une fois. A peine une minute s’est écoulée…

    Soudain, une tête passe la porte  :

    - Salut ! avec les filles on va boire le café, tu viens avec nous ?

    J’en pleurais presque. Enfin, on pense à moi. Autour de la machine à café, la vie reprend son court, je rigole, je parle comme si tout allait bien. J’ai l’impression de faire à nouveau partie de l’entreprise, de ne plus être à l’écart. Mais quand j’entends les pas de mes collègues s’éloigner dans le couloir et que je regagne mon bureau, le découragement s’abat à nouveau sur moi.

    Qu’est-ce que je vais faire ? Une chose est sure, je ne vais pas pouvoir continuer longtemps comme cela. La démission ? Je ne peux pas, j’ai besoin de ce travail. Ma famille a besoin de cet argent et j’aurai du mal à retrouver les mêmes conditions ailleurs. Mais rester là, à ne rien faire, me déprime.

    Ma situation me fait penser à ces gens qui se suicident à cause de leur travail. En ce moment, je les comprends. J’ai l’impression d’être une moins que rien, de ne plus faire partie de l’entreprise, d’être rejeté pour ce que je suis. Venir tous les matins et savoir que la direction me méprise, pourrait aussi me pousser à commettre le pire.

    Seulement, je pense à ma famille, à mes enfants… non, je ne peux pas leur faire ça… peut –être que si j’attends suffisamment, je pourrais regagner l’open-space. J’ai conscience de réfléchir comme une enfant qui aurait été puni par sa mère.

    Je dois être réaliste, je n’arriverai jamais à retourner dans les bonnes grâces de ma chef surtout si je reste dans ce placard. La situation me parait complètement bloquée…Alors que faire ? Je suis une femme d’action, je n’aime pas restée à rien faire…

    Soudain, j’entends mon portable sonner dans la poche de mon sac à main. Interrompue dans mes sombres pensées je l’attrape sans regarder mon écran et décroche 

    - Allo ? je fais

    - Allo, c’est moi.

    Je reconnais Patrice, mon mari, qui semble bien excité au bout du fil. Soudain mon cœur fait des bonds dans ma poitrine. Il ne m’appelle jamais d’habitude, il y a peut-être un problème avec les enfants ?

    - Ça va ? je demande anxieuse.

    - Oui, j’ai une bonne nouvelle. Tu es assise ?

    - Oui.

    - Tu te souviens du ticket de loto que tu as acheté la semaine dernière ?

                  Je m’en souviens même très bien. Je suis sortie un mardi soir, sous la pluie pour aller valider ce maudit ticket parce que mon mari avait été pris de la lubie soudaine de jouer. J’ai coché des numéros au hasard sur la grille parce que je ne savais pas quoi mettre sous le regard pressé du buraliste qui devait fermer. En repartant pour la maison, je  me suis dit que j’avais perdu mon temps.  

            - Oui,  je réponds, je m'en souviens.        

            - Il est gagnant !

              Je lève les yeux au plafond. Génial ! Mon mari m’appelle parce qu’on a gagné deux euros au loto.

              - Génial, je lui dis, on a gagné combien ? deux euros ?

              - Non, la cagnotte, le million.

              - Quoi ?

               - Un million, on a gagné un million. J’ai été vérifié le ticket et le buraliste est formel, nous sommes les gagnants !

                   Soudain, au fond de mon placard, je me mets à rire. Mon horizon devient plus clair, la vie me fait un signe. Alors que je pensais que tout était fini, le destin est venu frapper à ma porte d’une façon assez inattendue.  

                 - Attends-moi, je réponds à mon mari, je rentre tout de suite.

                  - Et ton travail ?

                  - Je n’ai plus de travail. Je viens de démissionner.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 25 Septembre 2015 à 11:33

    Je le trouve très sympathique, ce petit texte :) Très bien écrit. 

    2
    Samedi 26 Septembre 2015 à 18:21

    Encore un texte très bien écrit!

    3
    Mardi 3 Novembre 2015 à 22:32

    Et bien, j'aime bcp ! De passage sur votre blog grâce au répertoire d'Ekla, votre extrait est très plaisant et bien construit, équilibré... Bravo

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    4
    Jeudi 3 Décembre 2015 à 18:02
    Sympa, très sympa ce placard. Pas de superflus, des mots simples mais très parlants. Bravo!
    5
    Moi aussi
    Lundi 21 Novembre 2016 à 19:16
    Moi aussi j'écris! Je te souhaite bonne chance!bravo!^^
    6
    Moi aussi
    Lundi 21 Novembre 2016 à 19:28
    Je voulais juste dire cela mais NZ fait PS attention a mon commentaire anonyme
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