• Mamie, Maman et moi - Chapitre 3

     

    Finalement, malgré l’absence d’Ethan, j’ai passé une bonne soirée. Sabrina est venue tout de suite après mon appel et nous avons beaucoup ri, parlé et mangé. C’est toujours une joie de passer un moment avec elle. C’est une personne gentille, joviale, qui a souvent pleins d’histoire à raconter. Il faut dire que son métier d’institutrice lui permet de côtoyer pleins de personnes diverses. C’est aussi une vraie amie qui sait écouter, comprendre et rassurer parfois.

    Nous nous connaissons depuis cinq ans maintenant et c’est comme si nous étions amies depuis toujours. Elle est vraiment jolie mais malgré un certain nombre de prétendants qui lui tournent autour, mon amie est une éternelle célibataire. Cependant, elle a bon espoir de rencontrer l’amour un jour, alors en attendant, elle s’entretient à coup de footing et de salle de musculation.

    Forcément, quand Sabrina m’a rejointe, je n’avais pas le moral. J’ai pu lui exprimer mes doutes sur mon mariage, lui parler de l’enterrement de ma grand-mère et la réaction de ma mère.

    Elle est partie tôt au petit matin et je me suis couchée seule car Ethan n’était toujours pas rentré.

    C’est donc un peu inquiète que je tends ma main à coté de moi, ce matin là. Je sens mon mari qui dort paisiblement je tout de suite je suis rassurée. Même si je suis fâchée contre lui, je suis heureuse de le savoir à mes cotés.

    Je regarde le réveil qui affiche sept heures. Je sais que je ne vais pas parvenir à me rendormir : je suis comme ça, une fois les deux yeux ouverts, j’ai du mal à rester allonger sans rien faire. Pour moi, c’est une perte de temps. Je décide donc de me lever sans faire de bruits.

    J’ouvre les volets dans le salon et laisse entrer le soleil d’automne dans notre appartement. Je prends quelques instants pour regarder les voitures et la rue en contrebas. Je regarde les arbres aux feuilles jaunies, les passants qui se pressent, le manteau plaqué sur leur corps par le vent. Je me sens un peu hors du temps, comme si je n’appartenais pas à ce monde dans mon appartement bien chaud.

    Je m’installe sur l’un des tabourets de la cuisine, allume la bouilloire et attend qu’elle finisse de chauffer l’eau pour le thé.

    Je repense à mon frère Jérémie et je me dis que je dois l’appeler. Nous ne nous sommes pas revu depuis l’enterrement de Mamie Jeanne ou nous n’avons pas eu le temps de parler.

    Soudain, une douce mélodie me sort de mes pensées. Je la reconnais tout de suite : c’est mon portable qui me signal que j’ai reçu un message texte. Je pars donc à la recherche de mon téléphone. Je ne sais pas comment ça se passe chez les autres mais moi, j’ai un portable très joueur. Son jeu préféré c’est le cache-cache qu’il pratique tout le temps, à n’importe quelles heures de la journée et avec beaucoup d’imagination. Il m’est arrivée ainsi de le retrouver dans le placard des toilettes, sous une pile de linge propre ou encore dans le frigo.

    Je pars donc à la recherche de mon téléphone avec ma tasse de thé pleine à la main. Je regarde sur la table basse mais il n’y est pas. Je regarde dans le vide poche de l’entrée mais aucune trace de lui non plus. Enfin, j’ai l’idée d’aller fouiller dans mon sac à main et je fini par le trouver coincé entre mon portefeuille et mon chéquier.

    Je constate que j’ai trois messages : deux SMS et un message sur mon répondeur d’un numéro qui m’est inconnu. Je commence par les messages textes. Le plus récent date de ce matin et est de Sabrina qui me remercie pour la soirée d’hier. Elle me propose de se retrouver pour aller courir après tout ce que nous avons mangé et bu hier, il nous faudra bien deux heures de footing pour tout éliminer. C’est un jeu entre nous : elle me propose de faire du sport avec elle et je lui réponds que je voudrais bien mais que mon docteur me l’a interdit sous peine d’appeler la brigade du sport. Dans les faits, je suis allergique au sport d’une manière générale mais je pense que Sabrina a l’espoir de me faire changer d’avis un jour. Elle peut toujours espérer !

    Je fais ma réponse d’usage et passe au second message texte. C’est Ethan qui me prévenait hier soir qu’il s’apprêtait à rentrer.

    Enfin, c’est au tour du message vocal. Je me demande qui a pu m’appeler hier à seize heures et surtout pourquoi. Je ne reconnais pas la voix sur mon répondeur mais j’écoute le message en entier :

    « Bonjour Madame Davis, je suis Maître Baisson du cabinet de notaire Baisson et associés. Je vous appelle car je m’occupe de la succession de votre grand-mère Jeanne Durand et j’aurai un document à vous remettre. Est-ce que nous pourrions convenir d’un rendez vous ? Je vous souhaite un bon week end et espère avoir rapidement de vos nouvelles. »

    Je suis tellement surprise que je n’entends pas mon mari qui arrive derrière moi.

    - Qui est ce ? me demande t il.

    Je sursaute et renverse la moitié de mon thé sur le parquet de l’entrée. Ethan est beau torse nu dans son caleçon blanc au milieu du couloir. Il a les yeux encore tout ensommeillés et une partie de ses cheveux sont dressés en bataille sur sa tête. Je me laisserai presque attendrir si je ne lui en voulais pas pour hier soir.

    - C’est un notaire, je réponds encore sous le choc, visiblement, ma grand-mère m’a laissé quelque chose en héritage et je dois passer le récupérer chez eux.

    - C’est quoi à ton avis ?

    - Aucune idée.

    - Tu es peut être riche, alors, me dit il pour rire.

    Mais moi, ça ne m’amuse pas du tout surtout après son absence d’hier soir. Je réponds froidement :

    - Peut être que comme ça tu n’aurais plus besoin de travailler et que tu pourrais enfin rentrer tôt comme tu me l’as promis !

    Ethan soupire et reprends :

    - Je vois que tu m’en veux pour hier.

    - Ethan ! On ne se voit plus, on se croise à peine. Je sais que ce travail représente beaucoup pour toi mais si ça doit être au détriment de nous deux…

    Je n’ai pas le courage de continuer ma phrase. Ethan s’approche de moi et me prends dans ses bras en ajoutant :

    - Je sais que je t’ai promis de rentrer plus tôt. Je suis désolé, je ne pensais pas que ça t’affecterait autant.

    - Bien sûr que ça m’affecte ! Qu’est ce que tu crois ? Tu es mon mari ! J’ai besoin de te voir et que l’on passe du temps ensemble. Et puis, si on ne se voit jamais qu’est ce que tu fais de nos projets ?

    Ethan se détache de moi et va prendre une tasse dans le placard.

    - Je sais que tu voudrais avoir un enfant et moi aussi je le veux mais ce n’est pas le bon moment.

    - Ce n’est jamais le bon moment avec toi ! Ethan, j’ai trente ans ! On ne pourra pas repousser indéfiniment, je m’écrie.

    - Je sais ! Ecoute, on ne pourrait pas en parler une autre fois. Là, je voudrais juste prendre le petit déjeuner avec ma femme sans dispute, sans reproche. Est-ce que tu crois que ça serait possible ?

    Devant son sourire charmeur, je craque et rend les armes. Sentant ma colère faiblir, il me prend dans ses bras et je me blottis contre lui. Il a peut être gagné une bataille mais il est loin d’avoir gagné la guerre. Je ne compte pas laisser cette discussion en suspend. J’ai besoin de savoir ce qu’il pense, ou nous en sommes et ce que l’avenir nous réserve. Je compte bien avoir mes réponses.

     

    « Mamie maman et moi - Chapitre 2Les Pelerins d'Yssel - Linden Oliver »

  • Commentaires

    1
    Lundi 1er Juin 2015 à 21:02

    Jolie suite :)

    2
    Lundi 1er Juin 2015 à 21:06

    Merci beaucoup!

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :