• Mamie maman et moi - Chapitre 1

    Chose promise chose due, voici (enfin) le premier chapitre de mon nouveau roman "Mamie maman et moi". Bon, il est encore loin d'être parfait mais si j'attends la perfection, vous n'êtes pas prêt de le lire alors... je me lance. Dites moi ce que vous en pensez !

    A plus !

     

     

    Ca aurait pu être une journée d’automne comme les autres. Un jour où l’on apprécie de rester chez soi, à regarder par la fenêtre le ciel gris perle et la pluie tomber pendant que l’on sert entre ses doigts un thé bien chaud. Malheureusement, je suis dehors, sous le crachin de la pluie par cette froide journée de novembre. Je sens l’air glacé se frayer un chemin jusqu’à ma peau. Dans un frisson, je ressers mon manteau autour de moi.

    - Tu as froid ? me demande Ethan, mon mari, tu veux que j’aille à la voiture pour te chercher un pull ?

    Je fais « non » de la tête et me glisse au creux de ses bras. Sentir son odeur et ses bras qui m’entourent me rassure et je sens ma tristesse s’envoler peu à peu.

    Cela fait trois ans que je suis mariée à Ethan et près de dix ans que nous nous connaissons. Il n’est pas que mon mari, mais aussi mon confident et ami.

    Alors que je me sers un peu plus contre lui, il attrape sa capuche à l’arrière de son manteau et la rabat sur ses courts cheveux blonds. Avec sa taille élancée et son sourire charmeur, je sais qu’il ne laisse pas les femmes insensibles. Sauf que c’est avec moi qu’il est marié et je dois dire que chaque jour, je réalise la chance que j’ai. C’est l’homme parfait pour moi, à la fois doux, gentil, attentionné. Bon, il a aussi ses défauts mais pour l’instant, je suis toujours arrivée à composer avec.

    Je frissonne encore une fois et regrette d’avoir attaché mes cheveux bruns en queue de cheval, au moins ils m’auraient tenus chauds.

    Alors que je glisse mes mains dans mes poches, j’aperçois mes parents qui arrivent au loin. Mon père d’habitude si grand, si fort et si sûr de lui, parait si petit et fatigué que je peine à le reconnaître dans son manteau noir. Je vois ses yeux rougis à force d’avoir pleuré et cette constatation me fend le cœur. Ses cheveux gris sont bien coiffés sur le coté droit de sa tête, ses petites lunettes noires encerclent son visage rond. Ma mère se tient à côté de lui, accrochée à son bras. Elle est élégante dans son manteau gris qui épouse les formes de son corps. Ses cheveux noirs sont relevés en un chignon strict dont aucune mèche ne dépasse. Ses chaussures noires à talon haut claquent sur le sol alors que mes parents marchent tranquillement vers nous.

    - Comment tu vas papa ? Je demande quand ils arrivent à notre hauteur.

    - Ca va, me répondit il, et toi Enora ?

    Je lui dis que ça va et me tourne vers ma mère, Ruth. Elle n’a pas l’air plus affecté que cela par la raison de notre présence ici et ça me désole. Ruth Montigue n’est pas une femme sans cœur, bien au contraire. Je l’ai parfois surprise en train de pleurer quand j’étais adolescente. Elle a fait beaucoup de sacrifices pour parvenir à faire vivre notre famille ce qui a un peu endurci son coeur.

    Je sais qu’aujourd’hui la situation est difficile aussi pour elle mais j’aurai aimé qu’elle montre un peu plus de compassion au moins pour Martin, mon père. Cependant la compassion semble être restée à la maison.

    Alors que je regarde autour de moi, je reconnais mon oncle Bertrand (le petit frère de mon père) et sa femme Marie avec leur fils Adam. Je vois aussi ma cousine Elisabeth (la fille de la sœur ainée de mon père décédée depuis plus de quinze ans) avec son mari et ses enfants. Malgré le monde regroupé ce jour-là, ce sont les seules personnes que je connaisse.

    Tout le monde se rassemble en petit groupe, îlot de personne qui refuse de parler à son voisin de peur qu’une dispute n’éclate. On est comme ça dans la famille de mon père. On se parle peu, on ne se voit pas et on met surtout un point d’honneur à ne pas s’entendre car tout est sujet à dispute.

    Soudain, le clocher de l’église retentit annonçant le début de la cérémonie. Je me tourne vers l’édifice et prend enfin le temps de le regarder avec attention. C’est une petite église de campagne qui se trouve devant moi avec ses vitraux colorés, sa grande porte en bois sculpté et son clocher imposant. Anxieuse, je cherche Jérémie, mon frère, du regard. Il est plus jeune que moi de trois ans et a la fâcheuse manie d’être toujours en retard. D’ailleurs il dit souvent pour rigoler qu’il est même arrivé en retard pour sa naissance, préférant débarquer une semaine après la date annoncée par le docteur.

    Enfin, je le vois arriver, courant vers moi, dans une veste de sport bleue et son jeans noir. Il me glisse à l’oreille en guise d’excuse, qu’il était sur un chantier. Mon frère travaille pour une société de terrassement et même en ce jour spécial, il n’a pas pu s’absenter de son travail.

    Au bras d’Ethan, j’entre dans l’église. En regardant les gens assis au fond, je me rends compte qu’outre la famille il y a beaucoup de monde que je ne connais pas. Qui sont-ils ? D’où connaissent-ils ma grand-mère ? En quelle qualité sont-ils là ?

    Je m’installe au deuxième rang, coincée entre ma mère et mon mari. Je regarde l’autel devant moi avec son imposante croix en fer. Je distingue un pupitre avec une estrade ou repose un cercueil de couleur foncé fermé, ou repose Jeanne, ma grand-mère. Je vois le curé habillé en noir au loin qui entre par une petite porte sur le coté de l’église. Il s’installe devant le pupitre et nous souhaite la bienvenue dans son église.

    La cérémonie d’enterrement commence.

    Je suis partagée : à la fois triste d’avoir perdue ma grand-mère, mais en même temps, je me rends compte que je ne la connaissais pas vraiment. Non, en fait, je n’ai pas pris le temps de la connaître. Quand on est jeune, on imagine toujours qu’on a la vie devant soi… jusqu’à ce que la mort nous rattrape. J’essaye de me souvenir de son visage pour le graver dans ma mémoire et l’image qui me vient est celle d’une femme petite, aux cheveux blancs portant des blouses à fleurs et des collants couleurs chaires. Je me dis qu’elle a dû être jeune à une époque et je regrette un peu de ne pas en savoir plus sur elle, sur sa vie.

    Ma mère et ma grand-mère ne se sont jamais entendues. D’aussi loin que je me souvienne, leur relation était basée sur des critiques, des rancœurs et des reproches. Malheureusement, mon frère et moi nous retrouvions souvent au milieu de ses querelles que nous ne comprenions pas. Nous nous retrouvions otages d’un conflit qui n’était pas le nôtre mais cependant, nous devions choisir un camp. Et nous avions choisi ma mère. Ceci explique que je n’en sache pas plus sur Mamie Jeanne, cependant j’estime que ce n’est pas une excuse.

    Soudain, le curé se tait. Ce silence me ramène tout de suite au moment présent. Mon père se lève et se dirige vers le pupitre. Il fait un vibrant discours parlant des bons souvenirs qu’il a de sa mère. Il nous raconte un peu son enfance, ses vacances à la mer avec ses cousins et cousines, l’amour que se portait ses parents, les voyages qu’ils ont fait ensembles. Mon père a toujours été doué pour trouver les mots et une fois de plus, à la fin de son discours, toute l’assistance est en larme. Même ma mère a sorti son mouchoir et se tamponne les yeux.

    Puis, c’est ma cousine Elisabeth qui se lève. Je sais qu’elle a été élevée par mes grands parents après le décès de ses parents. Elle raconte comment Mamie Jeanne a été une seconde mère pour elle, lui prodiguant amour et conseil. Je suis étonnée par le discours de ma cousine. J’ai du mal à imaginer ma grand-mère dans ce rôle. Surtout que j’ai plutôt l’image d’une femme dure et froide, qui servait pendant trois jours à chaque repas des épinards à mon père jusqu’à ce qu’il les mange, qui riait de ma mère et se moquait de son accent.

    Enfin, la cérémonie touche à sa fin. Nous nous levons et quatre porteurs soulèvent le cercueil de ma grand-mère. Nous marchons jusqu’au cimetière qui se trouve à coté de l’église. Le curé nous dit encore quelques mots puis le cercueil est mis en terre au rythme de « La vie en rose » interprétée par une personne que je ne connais pas, sans doute une amie de ma grand mère.

    C’est terminé. Mamie Jeanne a été rejoindre Papi Jacques décédé il y a deux ans. Je vois la plaque commémorative avec l’année de naissance et de décès de mon grand père. Dans quelques temps, il y aura deux autres dates en dessous. Je trouve ça triste et touchant en même temps : ils ont voulu être enterrés au même endroit, comme s’ils allaient se retrouver dans l’éternité. Un amour qui dure toujours malgré la mort. J’espère avoir la chance de vivre cela moi aussi, c’est ce que je me dis en serrant la main d’Ethan.

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 24 Mars 2015 à 19:34

    Heureuse de te lire à nouveau !

    J'aime beaucoup ce premier chapitre; et je suis presque incapable de dire pourquoi, bizarrement. Ton style d'écriture, le choix des mots, la narration... j'ai été directement plongée dans l'ambiance de ton histoire !

    Bref, j'espère qu'il y aura une suite ?

    A bientôt :)

    2
    Mardi 24 Mars 2015 à 19:50

    merci beaucoup

    oui il y a une suite :)

    a bientôt

    3
    Vendredi 27 Mars 2015 à 18:52

    Un chapitre émouvant.

    Je suis contente de te voir écrire un nouveau livre, sachant que j'ai adoré le premier :)

    4
    Vendredi 27 Mars 2015 à 19:35

    Merci ! Contente de pouvoir vous proposer quelque chose!

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