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Affaire classée Partie 1
Pour moi, ça commence toujours de la même façon : on nous appelle parce qu’un cadavre a été découvert, on traverse la ville et on essaye de reconstituer l'histoire de la victime. Qui était-elle ? Pourquoi est-elle morte ? On tente de redonner un souffle d'âme à une personne qui n'en a plus.
C'est ce à quoi je pense quand j'arrive au 175 cours de la libération après avoir traversé les bouchons grenoblois. En ce mois de juin, ma ville n’est pas encore suffisamment déserte pour circuler librement. Cependant avec ce beau soleil on pourrait presque se croire en été. Je vois devant un bâtiment gris un panneau avec le nom de l'entreprise : "Architectura". Des policiers, des médecins du SAMU et des badauds s'agitent. Pas de doute, c'est bien ici.
La bâtisse m'a l'air bien gardé : digicode à l'entrée, passe magnétique pour ouvrir les portes à l'intérieur. Une vraie forteresse en somme. Difficile de faire croire à un cambriolage qui a mal tourné. Quoiqu’on ne sait jamais, les voleurs sont de plus en plus malins.
Je suis les bruits dans le couloir et entre dans une petite pièce au mur blanc bien éclairée. Au fond, se trouve un petit frigo, une machine à café et une petite table. Je remarque sur ma gauche une petite pièce avec tout le nécessaire pour faire le ménage : balais, seaux, bidons de produits ménagers, aspirateur. C'est ici que ce trouve la victime. Drôle d’endroit pour mourir, je pense. Je vois Martin, le médecin légiste penché sur un corps de femme. Je suis content, j’aime bien travailler avec lui, il est efficace et consciencieux. J’observe la morte qui porte encore sa blouse de travail. Une mare de sang l’entoure et s’étale jusqu’à l’entrée de la pièce. Ses longs cheveux bruns trempent dedans ainsi qu’une partie de son visage. Ses yeux grands ouverts regardent sans le voir le mur d’en face. Dans la salle de pause, à côté de la machine à café, se tiennent trois personnes pales et visiblement inquiets.
- Salut Martin, dis-je, qu'est-ce qu'on a aujourd'hui ?
- Salut Louis. La victime s'appelait Mélanie Grift. Elle était femme de ménage chez Architectura. Les trois là-bas travaillent ici. C'est la blonde qui l'a trouvé. Le petit brun avec le costume c'est le patron. C'est le type avec les lunettes et les vêtements trop grand qui a conduit les pompiers et le SAMU jusqu'ici.
- De quoi est morte la victime ?
- Difficile à dire. Elle a une plaie à la tête et le sang semble venir de là mais j'en saurai plus quand j'aurai pratiqué l'autopsie.
- A quand remonte la mort ?
- Je dirais entre sept heures et onze heures ce matin.
- C'est vague.
- Désolé, c'est tout ce que je peux faire pour le moment. Les gars ont déjà pris les photos et relevés les indices. Je peux faire partir le corps ?
- Oui. Vas-y.
Je m'approche de la femme et des deux hommes qui attendent toujours fébriles. Le patron regarde droit devant lui. Ils sont tous les yeux tirés et cernés comme si la journée était déjà trop longue. Ça fait toujours cet effet-là, un cadavre.
- Bonjour, je suis l'inspecteur Louis Carivari de la police criminelle de Grenoble. Je vais devoir vous interroger tous les trois pour savoir ce que vous faisiez au moment du décès de la victime.
La femme me dit angoissée :
- On est des suspects ? Il faut qu'on appelle un avocat ? Vous allez nous lire nos droits ?
Je souris avant de répondre :
- Non madame. C'est la routine. On va prendre vos noms, prénoms et retracer vos emplois du temps respectif, histoire d'avoir une vue d'ensemble. Et c'est dans les films qu'on lit les droits. Veuillez me suivre au poste de police, s'il vous plait.
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Commentaires
Merci beaucoup pour ton passage et commentaire sur mon blog.
J'écris également et forcément, je lis, cela va de pair avec l'écriture et j'adore ça.
A très bientôt !
J'aime bien ton style ! :) J'ignore pourquoi mais je fais une fixation sur la dernière phrase x)
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J'adore cette nouvelle policière!
Vivement la suite (oui, je sais, je suis impatiente, mais en principe ça veut dire que j'adore)